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Définition du genre


La dissertation philosophique est, comme son nom l'indique, une dissertation qui a des prétentions philosophiques. Il faut donc satisfaire à deux types d'exigence, l'un est d'ordre formel (dissertation), l'autre concerne l'intention (philosophique).


« Dissertation » désigne un genre littéraire. Comme tel, il comporte des exigences quantitatives et des exigences formelles.
Quantitativement, c'est un écrit de dimension modeste de quelques pages, 6 à 8 étant une moyenne correcte. Il n'y a évidemment pas de règle absolue en la matière, la grosseur de l'écriture étant variable, et la qualité devant bien sûr primer sur la quantité. On peut néanmoins estimer qu'en dessous de 4 pages format A4, ça devient un peu insuffisant, et qu'à partir de 12 pages, il y a de grands risques de propos irréfléchis.
Formellement, le propos doit posséder une unité argumentative, et être organisé en parties , obligatoirement précédées d'une introduction et suivies d'une conclusion.
Unité argumentative signifie qu'il ne doit pas s'agir de propos différents, même voisins, collés ensemble tant bien que mal, mais d'une argumentation cohérente et suivie, à l'exclusion de toute partie rapportée.
Les parties correspondent aux moments de l'argumentation. Le schéma classique est inspiré de la dialectique hégélienne (3 parties appelées thèse, antithèse, synthèse). Il n'est pas aussi facile à mettre en œuvre que certains se l'imaginent naïvement. On peut aussi concevoir trois parties obéissant à une autre logique. Il est même possible de se permettre un autre nombre de parties (dans la pratique 2 ou 4), pourvu que cette répartition soit justifiée par la démarche argumentative. L'idéal classique reste de 3. Graphiquement, on sépare les parties entre elles, ainsi que l'introduction et la conclusion, en sautant une ligne ou deux.

Les parties se divisent en paragraphes (marqués par un retour à la ligne et un alinéa, c'est-à-dire un retrait de la première ligne), avec comme principe de division : une idée par paragraphe, un paragraphe par idée.
L'introduction et la conclusion sont obligatoires, et doivent être spécialement soignées, car il s'agit de moments psychologiques forts (comme le sont toujours le premier contact et le départ).
L'introduction n'est pas une exigence simplement littéraire. Elle n'est pas une sorte de formule de politesse dans laquelle on ne dit rien de bien précis, elle ne consiste pas non plus à recopier le sujet avec quelques broderies annexes. Elle pose directement une difficulté de départ, montrant la direction dans laquelle on va s'engager. Elle doit d'emblée relever d'un travail efficace, et non n'être qu'un temps dilatoire de temporisation. Quoique la chose reste controversée, il ne semble pas judicieux d'y indiquer son plan, ce qui donne l'impression d'une affaire convenue d'avance, et risque de désamorcer l'intérêt (sans compter qu'il est fréquent qu'il ne corresponde pas à ce qui sera réalisé ensuite). Il n'y a pas toujours accord sur la longueur idéale d'une introduction. Certains les préfèrent courtes (quelques lignes), d'autres un peu plus longues (jusqu'à une page?). Mais le problème majeur est plutôt celui de son efficacité, qui ne se mesure pas directement à la longueur.
La conclusion, qui doit rester rapide, ne « conclut » pas réellement, ce qui serait philosophiquement suspect. Elle tente de montrer l'état du questionnement, peut synthétiser brièvement l'avancée du problème depuis le début du devoir (sans être un simple résumé), peut donner un aperçu sur ce qu'il y aurait encore à penser. Elle doit absolument éviter le « relativisme mou » du style : on peut dire ceci, et on peut dire aussi le contraire.


Que la dissertation soit philosophique signifie que l'argumentation est centrée sur un effort de problématisation, lui-même reposant sur un travail de conceptualisation.
L'exigence est d'abord argumentative. On veut des raisonnements, pas de simples affirmations, ou autres pétitions de principe. La dissertation n'est pas le lieu de libre expression des opinions, et son évaluation n'est pas une affaire d'opinion. Peu importe, au passage, que le correcteur ait ou n'ait pas les mêmes opinions. Car il s'agit avant tout de juger de la faculté d'argumenter et d'analyser.
Cette argumentation ne peut se contenter d'être au service de la défense d'une thèse, quelle qu'elle soit. Elle doit avoir une intention clairement marquée de problématisation. On n'attend donc pas directement une réponse à la question posée, mais à l'opposé qu'on montre que toute réponse qui se présente comme immédiate et certaine, ne peut être que naïve ou malhonnête. Il s'agit donc d'un exercice d'intelligence qui vise à rendre compte de la complexité du réel, en montrant qu'on ne peut pas de manière satisfaisante répondre simplement à la question.
Le point de départ de toute réflexion est bien sûr de s'entendre d'abord sur le sens même des notions, qui fait lui-même souvent problème : c'est le travail de conceptualisation. Il ne s'agit évidemment pas de définir systématiquement tous les mots utilisés, ce qui serait par récurrence une tâche infinie, mais de faire porter l'effort sur les notions fondamentales qui sont en jeu. Il est notamment conseillé de s'interroger préalablement au brouillon sur le sens de tous les mots du sujet. La réflexion déterminera ensuite ce qu'il sera judicieux ou non d'expliciter effectivement dans le devoir. Le travail de conceptualisation ne peut pas consister en un jeu de définitions préalables qui n'auront ensuite plus aucun rôle dans le cours du devoir. L'affinement des concepts s'effectue dans le mouvement même de développement de l'argumentation et de la problématisation.
Aux termes d'argumentation, problématisation et conceptualisation, il faut ajouter celui d'élaboration. Une dissertation d'un élève de terminales ne peut se limiter à un petit schéma vague, même à peu près judicieux dans son intention, et encore moins de quelques idées simples à la portée d'un enfant de douze ou quatorze ans. Il s'agit de faire preuve de capacités de réflexion, de développement, de montrer que l'on sait aller dans le complexe et dans le détail. Ces différentes compétence ne sont innées chez personne, elles s'acquièrent, et l'entraînement joue un grand rôle en la matière.
Enfin, ne pas oublier que s'il s'agit de questionner la question, et d'élaborer une argumentation personnelle, il y a néanmoins une question précise dont il faut rendre compte : il est nécessaire d'y être attentif de manière précise. L'insuffisance de précision dans la visée du sujet, pouvant aller parfois jusqu'au « hors-sujet », sera toujours sanctionnée.




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Par l'auteur de cette page, quelques textes un peu moins éducatifs, et qui néanmoins valent le détour : les recueils de nouvelles.


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